Les présentations du deuxième atelier ont permis d’illustrer le rôle essentiel joué par des acteurs variés en faveur du financement du développement humain – individus (migrants), et fondations. Aidés par les acteurs publics (incitations à la baisse des coûts par exemple) et en association avec le secteur privé, ces acteurs développent des mécanismes innovants susceptibles de dégager de nouvelles ressources stables, pérennes, prévisibles et additionnelles par rapport à l’aide publique au développement.
Les transferts de fonds de migrants ont été analysés grâce à l’éclairage apporté par Dilip Ratha, économiste à la Banque mondiale ainsi que les expériences espagnole et italienne. Celles-ci se sont appuyées respectivement sur les engagements du G8 sur la réduction des coûts des transferts d’un côté et sur les propositions espagnoles liées à l’expérience en la matière de ce pays de l’autre.
Ratha a rappelé l’enjeu majeur du financement du développement que représentent les transferts de fonds des migrants. Ressource financière pour les pays en développement évaluée à 305 milliards de dollars en 2008, ces transferts de fonds des migrants ont été moins affectés par la crise que d’autres flux privés et ils continuent de jouer un rôle contra-cyclique. L’aide publique au développement ne pouvant pas seule permettre d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement selon M. Ratha, est important de mobiliser davantage ces ressources privées en faveur du développement en baissant les coûts de transferts, en augmentant la transparence et la concurrence sur le marché des transferts, promeuvant des mécanismes type « titrisation » (les « diaspora bonds » qui dégagent des ressources énormes, par exemple pour l’Israël et l’Inde, ont été adoptés par l’Ethiopie et ils sont en débat dans 10 pays) ou la sécurisation des transferts futurs. Les transferts sont directement liés aux besoins des migrants et de leurs familles.
Deuxième intervenant, Dr Basilio Toth, Chef du bureau chargé de la dette, des institutions financières internationales, et des crédits aux exportations du Ministère des Affaires étrangères italien, a présenté le processus G8 et l’ambition d’un objectif de réduction des coûts pour le Sommet de l’Aquila. Il a notamment insisté sur le rôle du Groupe G8 sur les transferts de fonds des migrants coordonné par la Banque Mondiale et a évoqué l’expérience italienne de promotion des sites de comparaison des coûts.
L’Espagne a organisé un séminaire en 2007 qui a permis d’identifier quatre obstacles majeurs à l’optimisation des transferts de fonds en faveur du développement (le coût de transferts, la couverture géographique par les opérateurs, l’absence de culture bancaire pour les migrants, et l’impact sur le développement productif). A partir de ce constat ont été identifiées 10 propositions susceptibles de mieux mobiliser ces fonds en faveur du développement. Un accent a été mis notamment sur le rôle des gouvernements pour encourager des flux privés par des mécanismes d’incitations, et l’importance des banques centrales et des organisations internationales (titrisation, mécanismes de garanties, développement de l’accès aux services financiers).
Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, a présenté les enjeux liés à la faim dans le monde. La situation alimentaire mondiale est inquiétante. Au total, un milliard de personnes souffrent de la faim, soit 15% de la population mondiale, et la crise économique et internationale a accru l’urgence d’une réponse internationale ambitieuse. M. Diouf a regretté l’insuffisance de l’aide publique apportée en faveur du soutien à l’agriculture depuis deux décennies. Il a porté un vibrant appel à affecter une partie des financements innovants à la sécurité alimentaire.
Un dernier intervenant concernant ce volet de l’atelier a ensuite pris la parole. Dans sa présentation sur la philanthropie et financements innovants en faveur de la santé et du développement, Gargee Ghosh, responsable des programmes des financements et politiques du développement de la Fondation Bill and Melinda Gates, a enfin expliqué le rôle important que joue la philanthropie. Elle a ainsi présenté le travail de la Fondation notamment en ce qui concerne les partenariats à but non lucratif (médicaments et vaccination) ainsi qu’un fonds d’actions en faveur de la santé en Afrique. Elle a mis en avant la nécessité de mener un travail de conviction auprès des investisseurs.
Le 15 juin 2009