Les financements innovants pour le développement ont essentiellement été appliqués dans le secteur de la santé mais ne sont pas destinés à se limiter à ce seul champ. Le deuxième atelier de la Conférence, présidé par Christian Masset entendait préciser les modalités d’une généralisation de ces mécanismes à de nouveaux secteurs.
La première session de l’atelier 2 a démontré l’enjeu que représentent pour la lutte contre le changement climatique et la préservation de l’environnement les mécanismes de financement innovants (Marché carbone et affectation d’une partie du produit à des projets de développement dans les pays en développement ; remises de dette nature ; taxe carbone).
Appuyée sur l’expérience allemande, la vente aux enchères des droits d’émission de gaz à effet de serre et l’affectation sur une base volontaire d’une partie de leur produit au développement (suite aux négociations européennes sur le paquet énergie-climat) représente une opportunité importante pour financer l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement.
La présentation de Manfred Konukiewitz, Directeur des politiques globales et sectorielles du Ministère de coopération allemand, a mis en évidence les succès tirés de l’expérience allemande en matière de vente par le gouvernement au secteur privé des droits d’émission de gaz à effet de serre et d’affectation d’une partie du produit à des actions climat dans les pays en développement. En 2008, les recettes de ces ventes ont atteint plus de 800 millions d’euros. 120 millions euros ont été affectés au budget du développement en 2009. Ce produit dépend beaucoup du prix de carbone par tonne : suite à la crise économique et financière, les prix du carbone par tonne ont baissé de 25 euros en 2008 à 15 euros aujourd’hui. Les prévisions allemandes sont pourtant optimistes.
Laurence Tubiana, Directrice des Biens publics mondiaux au Ministère des Affaires étrangères et européennes (France), a souligné l’importance des financements innovants pour parvenir à garantir une croissance économique sobre en carbone et mener le gigantesque effort nécessaire à la transformation de nos économies. Elle a indiqué que le financement de ces efforts est une question difficile dans un contexte où les budgets nationaux demeurent limités. Parmi les sources en discussion, elle a notamment mentionné un fonds commun, à l’exemple du Fonds mondial, ou des dispositifs adossés au marché carbone, éventuellement financés par des enchères. Mme Tubiana a rappelé l’importance de trouver une solution pour avancer sur la question de l’adaptation climatique dans les pays en développement. L’enjeu, dès lors, est non seulement d’obtenir un succès à Copenhague, mais surtout d’entamer la transformation de nos économies en économies vertes.
Enfin, Marie de Long Camp, Conseillère senior de la Conservation finance du WWF, a présenté un mécanisme de conversion de dette extérieure pour financer des frais récurrents liés au soutien de la biodiversité. Il s’agit de l’exemple concret d’un mécanisme ancien, développé dans les années 1980, mais au potentiel peu exploité : principe d’un échange volontaire entre le créancier de son dette et son débiteur contre la participation financière du débiteur en faveur de la protection de la nature et de la biodiversité. Par exemple, à Madagascar, le produit de l’annulation de dette négociée en 2008 a été affecté à une nouvelle Fondation pour les aires protégées et la biodiversité. Il s’agit d’un véritable financement innovant : pérenne, prévisible, cohérent avec le mandat de soutien aux biens publics mondiaux.
Le 15 juin 2009