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La séance plénière d’ouverture : les interventions des personnalités

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1. La Sixième session plénière du Groupe pilote sur les financements innovants pour le développement a été ouverte par M Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères et européennes français et président en exercice du Groupe pilote, qui a souligné l’importance pour le Groupe pilote de se réunir en cette période de crise et de rester à « l’avant garde » pour imaginer et mettre en œuvre des solutions novatrices, concrètes et efficaces pour le développement.

Discours de M Kouchner

Pour M. Angel Gurria, Secrétaire général de l’OCDE qui a souhaité la bienvenue dans les locaux de son organisation, les financements innovants se trouvent dans une phase charnière et marquent aujourd’hui la « nouvelle frontière » des politiques du développement.

L’intervention de M Gurria

En effet, la mobilisation de la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté et pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) commence à porter ses fruits, mais ces premiers résultats, encore insuffisants, sont déjà menacés par les effets de la crise économique qui frappe de plein fouet les pays en développement, en particulier en Afrique sub-saharienne. Dans le domaine de la santé, 35 milliards de dollars sont encore nécessaires pour réaliser les OMD.
Au cours de la session plénière, plusieurs intervenants ont souligné la vulnérabilité des pays en développement aux effets d’une crise économique globale dont ils n’ont pourtant pas la responsabilité. Leurs économies qui avaient des taux de croissance très dynamiques à la fin du siècle dernier, sont désormais très fragilisées : baisse des échanges commerciaux, montée du chômage etc.

Dans cette période particulièrement difficile, il est d’autant plus nécessaire de poursuivre nos efforts mais aussi de faire preuve d’imagination et de changer nos paradigmes afin de mobiliser davantage de ressources et de mieux les utiliser. Il s’agit d’un impératif moral : on ne peut accepter que la crise financière se transforme en crise du développement, que des dizaines de millions de personnes basculent dans la pauvreté, que l’on fasse l’économie de la solidarité avec le monde en développement. Le message transmis par M. Mohammed Yunus, Prix Nobel de la paix en 2006 et un des pères du microcrédit, a vivement salué les travaux pionniers entrepris par le Groupe pilote qui se placent, selon lui, dans la même lignée que ses propres travaux.

La crise amplifie encore les inégalités entre les peuples, les continents, rend plus nette et plus insoutenable la pauvreté. Au-delà de leur contribution à l’effort mondial par les ressources qu’ils ont pu lever, les financements innovants, fruit d’une collaboration d’acteurs multiples et pluriels, s’inscrivent aussi dans une vision plus profonde de la mondialisation, plus solidaire et plus inclusive, qui « donne sa chance à l’homme ». Les attentes à l’égard de cette Sixième réunion plénière du Groupe pilote sont donc importantes chez tous les participants.

2. Plusieurs intervenant se sont félicités du bilan du Groupe pilote depuis trois ans. M. Moratinos, Ministre des Affaires étrangères espagnol ainsi que M. Ananias de Souza, Ministre du développement social et de la lutte contre la faim brésilien ont salué les succès concrets des financements innovants, de leur apport dans la lutte contre la pauvreté et pour l’atteinte des OMD, et renforcer les mécanismes existants
En effet, depuis la conférence de Monterrey en 2002 et la première réunion plénière du Groupe pilote, un long chemin a été parcouru. Les financements innovants, auxquels peu croyaient vraiment, sont devenus une réalité et même une nécessité, notamment dans le domaine de la santé qu’ils ont particulièrement investi, apportant des ressources stables, prévisibles, pérennes et complémentaires à l’APD classique.

Dans son discours, M Douste-Blazy, Conseiller spécial pour les financements innovants auprès du Secrétaire général de l’ONU, a souligné le rôle pionnier de la contribution de solidarité sur les billets d’avion a ainsi apporté près de 800 M USD à UNITAID pour lutter contre les pandémies meurtrières que sont le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Le financement de l’IFFIm via des engagements contraignants à long terme, permet de lever des montants substantiels servant notamment à financer l’Alliance GAVI et la vaccination des populations démunies qui sauvera des dizaines de millions de vies. D’autres initiatives de financement innovant, comme les AMC, sont particulièrement ambitieuses et prometteuses, sans oublier le succès d’initiatives associant le secteur privé, comme RED.

Cette réussite a été possible grâce à une forte mobilisation de la communauté internationale dans sa diversité : pays développés, émergents et en développement, mais aussi organisations internationales, ONG du Nord comme du Sud, fondations privées, sans oublier les communautés de personnes vivant avec la maladie qui ont joué un rôle considérable.

Les ressources des financements innovants sont venues s’ajouter à celles levées par l’aide publique au développement (APD) traditionnelle afin de se donner les moyens d’atteindre les OMD concernant la santé (OMD 4, 5 et 6). Elles ont été utilisées de manière novatrice et en bonne articulation avec les programmes et organisations existantes (OMS, Banque Mondiale, Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme etc.) et de manière coordonnée (task force santé).

Ces succès, accompagnés et mis en avant par le Groupe pilote, sont désormais reconnus bien au-delà et les financements innovants sont à l’ordre du jour des tous les grands moments de l’agenda international du développement. Il importe de les confirmer, en convainquant de nouveaux partenaires de rejoindre le Groupe pilote et de mettre en place des mécanisme de financement innovant. M Douste-Blazy s’est engagé à travailler pour développer la mobilisation internationale autour de ces questions.

3. insistant sur un enjeu de première importance pour la conférence, de nombreux intervenants ont insisté sur le rôle essentiel qu’ils sont amenés à jouer aujourd’hui et demain et la nécessité de réfléchir à leur élargissement à de nouveaux secteurs, de « changer d’échelle »

Toutefois, au vu des retards accumulés dans l’atteinte des OMD et avec les effets non prévus de la crise financière sur les économies des pays en développement, il apparaît nécessaire, non seulement de renforcer l’existant, mais de « changer d’échelle » par de nouveaux mécanismes ou l’investissement de nouveaux secteurs.

Cela se traduit notamment par l’introduction d’une nouvelle dimension de la solidarité portée par les financements innovants, plus citoyenne et directe et aussi plus ouverte sur le monde économique. Le nouveau projet de contributions volontaires animé par la fondation du Millénaire, ou la De-Tax témoignent de cette mobilisation forte et nouvelle de la société civile autour des financements innovants. Les membres du Groupe pilote se félicite de la montée en puissance de ces initiatives qui font signe vers une mondialisation plus solidaire et dont les potentialités sont très importantes. M Jean-Louis Vielajus, président de Coordination SUD, a souligné le rôle moteur du Groupe pilote et la dynamique particulière qui le caractérise à travers les partenariats Etats, ONG, Organisations internationales.

Mais le changement d’échelle souhaité par le Groupe pilote amène également à considérer les modalités d’éviter la fuite de la manne considérable que constituent les ressources financières qui échappent aux pays en développement du fait des flux financiers illicites, de l’évasion fiscale etc. Ces ressources sont autant de moyens d’investissement pour le développement enlevés aux populations qui en ont besoin.

Enfin, le Groupe pilote, plate-forme unique d’échange de bonnes pratiques, de dialogue, et de mobilisation en faveurs des financements innovants, souhaite continuer de réfléchir librement à toutes les possibilités qui permettraient de lever des ressources additionnelles pour le développement. la faisabilité technique d’une taxe sur les transactions monétaires et de contributions volontaires sur les transactions financières internationales, qui pourraient rapporter chaque année ressources considérables, fera ainsi l’objet d’un groupe de travail spécifique, comme l’a annoncé M Kouchner dans son discours d’ouverture.

De plus, le moment est venu de réfléchir concrètement à une extension du champ des financements innovants, afin de faire face à des secteurs du développement manquant de ressources, ou à d’autres enjeux globaux. Le secteur de la santé – lutte contre les grandes pandémies et vaccination – dans lequel des ressources stables et prévisibles sont indispensables pour avoir un impact, a été fortement investi par les financements innovants. Désormais, d’autres secteurs du développement pourraient faire l’objet d’un effort spécifique comme l’éducation ou la sécurité alimentaire. La lutte contre le changement climatique, dont les impacts sur les processus de développement sont violents, est à cet égard un champ prioritaire à considérer.

Enfin, le changement d’échelle souhaité ne pourra se faire que par une évolution des pratiques et la modernisation de nos instruments financiers qui doivent être plus souples, adaptables, incitatifs pour faire face de manière efficace aux crises climatiques, alimentaires ou économiques qui sont appelées à se multiplier.

Cette montée en puissance ne sera possible que par une mobilisation accrue du Groupe pilote et une communication lisible et forte afin d’attirer de nouveaux partenaires.

4. Cette session plénière a été l’occasion pour les intervenants de rappeler la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser davantage pour le monde en développement, frappé de plein fouet par la crise, et de respecter les engagements en matière d’aide publique au développement.
Le caractère essentiel de l’aide publique au développement a été fortement mentionné, avec une insistance particulière sur la nécessité pour les bailleurs de tenir les engagements pris collectivement d’augmenter l’effort national d’APD à hauteur de 0,7 % du PIB d’ici 2015. Cette obligation morale est une responsabilité commune, rappelée à Doha et prioritaire dans l’esprit des membres du Groupe pilote.

Les intervenants à nouveau rappelé la nature additionnelle des financements innovants par rapport à l’APD traditionnelle qui reste aujourd’hui le premier vecteur de solidarité avec les pays à faible revenu. Les mécanismes de financements innovants, dont les multiples formes existantes et à venir doivent être détaillées dans les ateliers, ont déjà largement contribué au développement et n’ont pas vocation à se substituer à l’effort d’APD, mais à le compléter.

Le 29 juin 2009

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